Je vous invite à un petit triptyque relatant mes pérégrinations sur 2 jours qui me resteront mémorables.
L’aventure commence en cet après-midi du 29 mai 2015. Je quittais alors Longueuil pour me rendre à Sutton en vue de la course XTrail C3FIT de Sutton. Au départ, j’avais l’intention de me rendre la vie un peu plus compliquée: partir de chez moi à 1heure du matin, faire les quelques 125km en vélo pour arriver vers 7 heures du matin, prendre mon dossard, me changer, manger, faire la course (22km et 1600 quelques mètres d’ascension), manger, et repartir illico vers la maison (un autre 125km).
J’en ai pas trop parlé de ce projet. D’abord, les risques d’abandon à l’une des 3 étapes vont en s’accroissant avec le nombre d’étapes. Ensuite, il y a les dangers de rouler de nuit, soit à l’aller, soit même encore au retour (si la course à pied devait exiger un repos plus long que prévu). D’une certaine façon, créer une image de réussite est importante pour sauver la face, et c’est bien mieux que de s’avancer dans un projet et devoir s’avouer vaincu pour des niaiseries. Non je n’ai pas honte de mes échecs mais je n’ai pas à tous les exposer!
J’ai modifié mon plan d’origine en partant en vélo la veille, pour coucher à Sutton. J’opterai de faire la distance la plus courte possible et de faire 75 km pour l’aller, afin d’arriver tôt.
J’ai donc quitté la veille…
Au jeu dans les champs des Hommes (première partie)
(https://www.strava.com/activities/315147999)
J’ai donc quitté le vendredi vers 15:00 en pignon fixe (plateau de 47 et pignon de 15), chargé avec un bagage minimal: chaussure de course, capri et maillot de course, quelques barres de fruit et de noix, un petit livre (Trail Head de Lisa Jhung; excellent en passant), 3 tubes, un kit de réparation de tube etc. Jamais je n’aurais cru cet équipement aussi utile que pour cette aventure.
Cela me prit environ 40 minutes pour sortir de la ville (ça m’a parue plus long) et j’ai décidé de prendre le trajet le plus court possible. Passé les liens cyclables, passé Chambly et Richelieu, j’ai traversé Marieville ai enfilé sur le rang de l’Église (227). J’ai pris sur moi de rouler dans le traffic. Et me suis retrouvé sur la 104…
La 104 a zéro accotement et ça roule à 90 km/h. Faut vouloir rouler dans le traffic et franchement, j’ai regretté. Mon GPS me donnait la route à suivre la plus courte, et j’ai tenté coûte que coûte de rouler assez vite et me faire tout petit. À l’entrée de Farnham, j’ai pris une pause (un lait frappé au chocolat glacé et un biscuit double chocolat de Tim Horton), et ai reconsidéré mes options. J’allais m’aventurer encore dans une route plus ou moins connue, mais étant maintenant sur une autre route, avec un accotement un peu plus présent, j’ai décidé de poursuivre sur ce trajet court. 30 minutes plus tard, je poursuivit ma route vers Sutton.
Peu après être sorti de Farnham, près de Brigham, j’ai fait ma première crevaison. Je me suis activé sur le pneu arrière et avec un pignon fixe, la chose n’est pas aisé, surtout sur le mien; enlève le sac de selle, défait les boulons, chaîne qui traine dans le gravier (en comptant sur le fait qu’il faut manipuler la chaîne plus que sur un vélo à vitesse). Comme j’avais trois tubes de rechange, j’étais optimiste quant à l’avenir; je pourrais en faire quelques autres de crevaison. 20 ou 30 minutes plus tard, je suis reparti.
J’ai traversé Cowansville sans trop d’encombre, passé Scottsmore, West Brome, puis enfilé une route de campagne en terre bien tapée. Ça roulait tellement bien! Croisé deux dames promenant leur chien, croisé des automobilistes qui me saluaient… C’étais beau, c’était bon!
Descendant une bonne pente sur ce que j’appris plus tard, s’appelait « Chemin French Horn » (j’en ai joué adolescent), je vivais une quasi allégresse quand ma roue avant me rappela que nous n’étions pas seul et que quelques gros cailloux faisaient partie de notre vie. Suite au « BANG » de la collision avec un de ces cailloux, j’entrepris de traiter bobo de cette deuxième crevaison.
Débranche le moyeu dynamo, défait la roue, change le tube après avoir examiné correctement pneu, jante et tube. Tout va bien et je remonte le tout.
Embarque sur le vélo et…
Troisième crevaison. Même pas fait un mètre avec…
Recommence le même foutu manège.
Arriva un quidam sur son vélo de montagne (avec des pneus de 32…) qui me fit un brin de jasette, m’expliquant sur un ton humble et amical qu’il ne prenait jamais son vélo de route dans cette route etc. Monsieur malgré tout très gentil et sympathique qui me quitta en me suggérant de n’emprunter qu’une partie de la 139 (à 500 mètres de notre position actuelle) pour faire les 5 km restants pour me rendre au centre-ville de Sutton.
J’ai fait à ma tête et enfilé la 139 tout le long, me laissant descendre à vitesse raisonnable (en fixe, la vitesse de descente est limitée, croyez-moi sur parole!).
L’auberge Agnès Horth, se trouvait sur la rue Maple, et je savais que la station de ski du départ pour la XTrail était à environ 1 km plus loin. En abordant Maple, je me suis rappelé que c’était une bonne pente… avec une variation de 2 à 15% (selon strava). Alors j’ai grimpé.
Arrivé à l’auberge, je pris possession de la chambre, et comme il était 21:00 (6 heures à vélo), je suis reparti sans mon bagage pour chercher mon dossard. La dernière pente avait une variation de 2 à 17% (selon strava toujours) et j’étais très heureux de ne faire qu’un seul kilomètre pour la station.
Arrivé là, l’endroit est désert, à part les bénévoles. L’une d’elle m’offre une médaille (« profitez-en on fait le ménage là-dedans »). J’ai répondu que je ne venais pas pour une médaille, et que je serais très content de simplement terminer. Une autre bénévole ajouta: « pour avoir fait la Maple en entier à vélo, et faire le 22km demain, ça vaut une médaille! »
J’ai passé proche de lui dire que j’arrivais de Longueuil, que j’avais fait le trajet en pignon fixe…
Je me demande ce qu’elle aurait répondu. Je n’ai rien dit finalement. Je suis reparti vers l’auberge.
Comme je n’avais pas vu de restaurant sur Maple, j’ai demandé à l’aubergiste, un vieil homme bien sympathique. Il m’a répondu qu’il n’y avait pas de livraisons dans le coin, pas de service de cuisine de l’auberge. Rien. Il me restait à redescendre en ville, me chercher à manger, et remonter Maple. Je me résignai à manger une barre de fruit et une de noix.
Ça manquait de bière. Comme une bonne IPA fraîchement sortie du frigo. Je me couchai à 23:00.
Au jeu dans les champs du Seigneur
(https://www.strava.com/activities/315147579)
Je me suis levé à 6:00. Mon départ était à 9:00 ce qui fait que j’avais amplement le temps de me préparer et assimiler mon déjeuner. Je me suis surpris de me rendre compte que je n’avais pas tant faim que ça. Quand même pris trois grands cafés, deux oeufs brouillés avec des roties avec beurre d’arachides et du beurre, un croissant avec de la marmelade et quelques bouchées de fruits.
J’ai piqué une jasette avec une jeune femme, une table en biais à la mienne. Elle allait faire son premier trail, un 11 km, avec son ancien coach de soccer. Elle m’a partagé sa surprise de me voir entreprendre mon premier trail avec cette distance. De retour à ma chambre, j’ai réparé les trois chambres à air, et ai compté le nombre de rustines qui me restait. En comptant les trois tubes réparés, je pouvais me permettre 5 crevaisons pour le retour…
Je me suis habillé, puis, à 8:00, me suis dirigé au lieu du départ.
Je me sentais un peu frénétique, mais j’ai attribué cela à la quantité de café, parce qu’au fond, mes pensées étaient calmes et ordonnées. Je pensais à mon plan: courir pour finir, OK de marcher, et même d’arrêter pour prendre une pause, m’amuser, et surtout, apprendre de l’expérience.
J’étais aussi un peu ému. Ma première course en sentier! Wow! Mes yeux deviennent humides et le nez me chatouille rien qu’à y penser alors que j’écris ces lignes.
En attendant le rassemblement de départ, j’ai parlé avec un François, jeune retraité et randonneur de montagne. Il m’expliqua un peu ces activités de randonnées de Montagne sur le mont Sutton, qu’il aime beaucoup. Il m’expliqua par ailleurs comme les pistes sont très bien balisées, mais difficiles. Il est toujours étonné que certains pouvaient faire la distance du 22km en 2 hres. Je lui ai clairement expliqué que ce ne serait certainement pas mon cas! Il m’a souhaité bonne chance et je me suis placé au lieu de départ.
Nous avons été débriefé dans les minutes avant le départ, avec des avertissements de base qu’on entendrait pas dans un autre événement de course: il a plu, donc c’est très boueux, les rochers peuvent être glissants, faites attention de ne pas tomber et vous fracturer quelque chose, car il peut se passer plusieurs heures avant que vous ne soyez secourus, on a vu des ours hier, mais vous ne devriez pas vous inquiéter, au nombre que vous êtes… etc.
Logique!
Le règlement stipulait que le port d’un lecteur mp3, ou même l’absence d’une forme d’hydratation pouvait disqualifier un participant, voire se faire interdire le départ. Ils étaient plusieurs à contrevenir à ces règles. Bof.
Alors le départ a été donné. Comme on commence avec une descente, ça commence vite, et je m’inquiète déjà d’aller trop vite. J’étais inscrit au premier départ, pour ceux faisant un demi-marathon classique sous les 1 heure 40, ce que je croyais raisonnable. Mais j’avais devant moi des athlètes expérimentés (Florent Bouguin était du départ) et moins expérimentés (des jeunes). La course me demanderait un peu plus de stratégie. Surtout que je commençais avec une impression de fatigue; il faisait chaud et humide, ce à quoi je n’étais pas encore acclimaté.
Je transportais environ 1.5 litre dans mon sac Ultraspire, ainsi qu’une épingle à nourrice (pour soigner les ampoules) et du ruban adhésif pour pansement, mon iphone (pour des photos) et 4 barres de fruits (Fruits3). J’avais bu de l’eau avant de partir, mais la dernière vidange avant le départ me laissait croire que je n’étais pas assez hydraté.
Je me suis dit que ce ne serait pas un gros problème et que je pourrais probablement passer à travers ma réserve correctement. Pensant rallier plutôt facilement le ravitaillement de mi-parcours, au kilomètre 12.
Euh… non.
La descente du départ fut plutôt courte, parce que cela s’est mis à grimper rapidement, passé les premiers 800 mètres. Un premier 3 et quelques kilomètres à gravir 500 mètres. Les deux premiers kilomètres furent parcourus en 4:43 et 8:39 minutes le kilomètre respectivement. Il se passera beaucoup de temps avant de retrouver une telle vitesse.
Dans le peloton dont je faisais parti, on faisait du power hiking, la course étant difficile. En fait, je pense être juste en disant que pratiquement 90% de cette course était du power hiking. Imaginez: des pierres, des racines, des passages sur planche, de la terre amollie par l’eau et les pas de centaines de coureurs. Peu de plat, mais beaucoup de sentiers tortueux en montées et descentes souvent abruptes, ou très abruptes, requérant l’usage des branches ou des troncs d’arbres pour se stabiliser. Des racines sortant du sol, des pierres à l’assise plus qu’incertaine… J’ai trébuché sur une des pierres, sans dommages toutefois.
Se faisant, avec la chaleur, la fatigue croissant rapidement, je m’abreuvai et mangeai un peu de manière stratégique, pour me garder hydraté en pensant qu’à mesure que la course avançait, le temps semblait ralentir. Au troisième sommet, à 850 mètres d’altitude, je commençais à me décourager. Comme je savais que je serais plus lent que plusieurs, j’ai décidé de me tasser sur le côté du sentier pour laisser passer plusieurs coureurs; je ne voulais pas nuire, et comme je n’avais pas d’autres aspiration que de compléter la course, peu importait le temps.
J’ai couru quelques kilomètres avec une petite bonne femme assez extraordinaire: une petite blonde pleine de pep, motivante. Un bel exemple d’esprit sportif, à mon avis. Très agréable de vous avoir accompagné un bout madame; je pense qu’il s’agissait de Kathy St-Laurent (de http://www.kslsport.com).
J’ai entretenu une crampe abdominale, du côté droit pendant pratiquement toute cette première partie de la course. Fatiguant. Plus tard, c’est un pincement que je ressentirai à la poitrine, côté coeur. J’ai alors décidé de garder un oeil sur ma fréquence cardiaque, et d’essayer de ne pas dépasser 160 autant que possible.
Je n’aurais pas cru, je n’avais jamais envisagé que cette course puisse être si exigeante d’un point de vue technique. Le niveau d’habileté pour performer était au-delà de mes capacités et de ma préparation. Je doutais de ma capacité à terminer, et j’envisageais, dans un recoin de mon esprit, un abandon possible au 12 ième kilomètre.
Et je me suis rappelé de deux choses:
- lors de mon deuxième brevet de 600 kilomètre en 2011, j’avais abandonné au 200 ième kilomètre. J’avais quand même eu à faire un 200 km supplémentaire pour me rendre à la maison. Peut-être que j’aurais pu faire 400, finalement?
- En arrêtant au 12 ième kilomètre, je m’attendais à quoi pour retourner au départ? Probable que j’aurais à marcher quand même le reste de la distance…
Alors cette pensée d’abandon a été remise aux oubliettes. Grimpant la pente très raide menant au point de ravitaillement fut la mise à mort de cette pensée d’abandon. J’étais en train de grimper cette pente et je dépassais beaucoup de personnes que j’avais laissé me dépasser auparavant.
Hmm…
Deux Gatorades, une barre de fruit, et un remplissage complet (2 litres) de mon sac d’hydratation plus tard, je repartais avec un rythme lent, mais déterminé.
Le reste de la course devint un peu moins technique, mais je devais encore rester extrêmement attentif; plusieurs fois je me suis accroché à des branches ou des pierres surgissantes. Depuis le 3 ième kilomètre, ma vitesse oscille entre 10:00 et 14:39 minutes le kilomètre. Passé le 12 ième kilomètre, la vitesse augmente graduellement, mais aussi mon niveau de forme; je suis fatigué, mais je sens mes réserves d’énergie plus facilement accessibles. Alors j’ai accéléré.
Et c’est difficile; trous de boue partout, ou l’on s’enfonce souvent jusqu’au dessus des chevilles, et souvent en bas de descentes abruptes, ou en abordant une montée. Je laisse passer moins de gens par contre et en fait, je commence à en dépasser. Lors d’une montée, j’attrape une crampe dans la cuisse gauche; elle passera et reviendra de temps à autre, parfois avec fulgurance, parfois discrètement, comme une ombre indésirable par beau temps.
Pourtant, je poursuis ma course, et les trois derniers kilomètres furent extraordinaires!
J’allais très vite. Et j’ai pensé: il ne me reste que quelques kilomètres, et deux autres barres de fruit; si j’en mange une maintenant, le sucre sera là pour les derniers efforts alors…
…GOGOGO!!!
Je me suis senti comme une fusée. Je pensais à cette scène du film Highlander, ou Ramirez (Sean Connery) explique le lien entre les êtres vivants que MacLeod expérimentera, le Quickening, alors que son coeur semble s’apparié le temps d’une course à celui d’un cervidé au galop…
Je vois devant moi une rousse en noir, et un homme en short fluo plus loin. Le passage est relativement dégagé, mais le terrain reste accidenté. Je dépasse la rousse par la droite après quelques embardées et il me semble que j’accélère encore alors que s’amorce une descente…
Passé la rousse, je passe le gars que j’évite de justesse avec une autre embardée. Je l’entends dire « wow t’es vraiment en mode full speed! » et je pousse encore vers l’avant puis..
… Accroche une pierre et m’écrase comme un sac de patates. Lunettes Oakley endommagées, je me relève péniblement et la crampe dans la cuisse gauche est débilitante. Le souffle est très court et j’ai mal à droite, juste au-dessus de la crête illiaque. Je repart lentement, et alors que la douleur semble s’estomper, ma vitesse augmente.
Je continue ma descente et je croise des bénévoles qui me regardent passer avec de grands yeux. Passe une coureuse en enjambant littéralement des mares de boues. Je me rends compte que je suis dans une piste de descente de ski. Je regarde ma montre et je vois que je suis au kilomètre 19; il devrait me rester 2 km et je pense rapidement que je n’aurai plus d’énergie, avec cette vélocité, pour faire une autre montée surprise.
Continuant de dévaler, j’entends un bénévole dire: « bravo! reste 200 mètres! »
Hein?
J’ai bien failli m’arrêter et pour vérifier. Puis je me suis dit est-ce que c’est possible que j’ai passé par un raccourci? Ou est-ce mon GPS qui a mal enregistré la distance?
Je pense à ça alors que je fonce comme un malade à 2:49 le km pour aborder un virage sec sur la droite, et faire face à la ligne d’arrivée que j’ai atteint pratiquement en sautant par-dessus le tapis de détecteurs et essayant d’éviter les gens qui y sont massés… Pendant ce temps-là, j’entendais l’annonceur parler de quelqu’un qui s’en venait vraiment très vite…
Je me suis penché pour reprendre mon souffle, et j’étais étourdi au point que j’ai du m’agripper à la clôture. Arrive une bénévole qui me passe la médaille au cou en me disant: « vous alliez trop vite alors je vous ai pas vu! » ou quelque chose du genre…
J’avais réussi! J’avais complété ma course!
J’ai revu François, l’autre côté de la clôture. Il me félicita. J’ai aussi vu la jeune femme du déjeuner; cela avait bien été pour elle aussi, et elle allait le refaire.
Je me suis dirigé vers la cantine. On servait un couscous appétissant et il y avait même un petit contenant de crème glacée Coaticook à la lime (chouette! Ma préférée!).
Je me suis assis dans le gazon, en essayant de ne pas exacerber la crampe de ma cuisse, à côté d’un des coureurs que j’avais dépassé plus tôt. J’ai mangé rapidement, suis allé me chercher une grosse Carlsberg ($7 quand même) et après avoir lavé mes chaussures, je suis reparti pour l’auberge, et préparai mon retour. Il était autour de midi 30.
Au jeu dans les champs des Hommes (deuxième partie)
(https://www.strava.com/activities/315148047/overview)
Je quittai Sutton à 13:50, après avoir pris une bonne douche et réglé mes comptes avec l’aubergiste. Ce dernier m’annonça alors que la météo pour Montréal prévoyait des vents forts, de la pluie et des risques de tornade. « Je les prendrai de front » ai-je répondu.
La sortie de Sutton, après la descente de Maple, est une bonne côte. J’ai pris attention de ne pas trop forcer (en fixe, on force pour ralentir en pédalant, même si on a des freins), question de conserver mes énergies pour le retour. Surtout que j’avais décidé de ne pas rouler sur la 104 et d’éviter toute situation permettant une crevaison.
J’ai donc entrepris la 139, puis la 247, traversant Cowansville et faire ma première crevaison, au pneu arrière, après 1 heure de pédalage… après la réparation, je me suis pris à réfléchir et j’ai décidé de tourner vers Granby, espérant une route plus clémente (la piste cyclable) et un abri au cas ou la météo devait être moins agréable. J’ai roulé avec un vent de dos fort et ça allait vraiment bien.
Rendu à Granby, je me suis pris un smoothie et un biscuit au chocolat, et suis reparti sous quelques gouttes de pluie, ralliant la piste cyclable. Les kilomètres suivants furent un travail de ténacité à pédaler contre le vent. Peu avant Marieville, la pluie m’est tombé dessus comme une trombe d’eau froide et des vents très forts, menaçant la stabilité de mon vélo.
Puis j’ai eu cette crevaison à l’avant. Sous la pluie froide et battante, réparer une crevaison… J’étais vraiment pas content… Mais bon voilà, il fallait le faire si je voulais arriver un jour! J’ai eu froid; j’ai du sortir mon coupe-vent pour me réchauffer. La pluie fut assez froide pour refroidir le contenu de mes bidons. Qui l’eu cru?
Le reste du trajet fut sans problèmes, sans ambages. J’ai utilisé le lien cyclable autant que possible, et ai roulé à une allure confortable.
J’ai atterri chez moi peu avent 21:00. Après avoir signalé mon arrivée sur facebook, j’ai vérifié mes résultats sur le site officiel de la Trail:
Je suis parti au dépanneur, me suis acheté 2 bières (Double IPA de MacAuslan) et un sac de chips (saveur « éclatement d’oignons »). Pour souper, je n’avais pas faim mais je me suis chauffé une pizza que j’ai garni avec de l’humus, puis ai regardé les « Teenage Mutant Ninja Turtles ».
Pour me vider l’esprit.
En rétrospective, je suis très satisfait de mes 2 journées. Si je le croyais un peu trop ambitieux ce projet au début, j’ai apprécié ma capacité à compléter ces 3 épreuves. Soyons clairs: je ne pense pas être exceptionnel; dans le fond, en termes d’efforts, c’est probablement l’équivalent d’un brevet de 400km. Donc c’est fort jouable avec un peu d’entraînement, surtout que je n’ai pas pédalé comme un fou, comme si j’étais en course.
Mais bien satisfait quand même!